samedi 30 juin 2007

Article dans Le Reporter : 29 juin / 6 juillet 2007





Environnement
Massacre de la cédraie dans la région de Ketama

L'association Ketama pour le développement et l'environnement a organisé, le dimanche 24 juin, en présence de plusieurs habitants de la région, un sit-in de protestation contre la passation d'un marché pour l'abattage et l'exploitation d'une grande superficie de la forêt de cèdres dans la montagne de Tidighine à Ketama .
La transaction a été faite par la Direction régionale des eaux et forêts de Taza en faveur de la commune rurale, Abd El Ghaya Souahel, à Ketama, qui a passé à son tour le marché à un promoteur privé de Ghafsai. Arrivés sur les lieux vers 14h 30, le 24 juin, des journalistes et des acteurs associatifs ont constaté les dégâts provoqués par l'opération d'abattage de cèdres qui a commencé le vendredi 22 juin. Alerté par la venue des journalistes et d'ONG, le promoteur s'est éclipsé laissant sur les lieux, les cèdres abattus dont certains sont centenaires et un gardien avec sa famille qui loge dans un abri de fortune .
L'association Ketama pour la nature et le développement, considère que l'opération va à l'encontre des conventions internationales qui préconisent la sauvegarde du patrimoine écologique, en plus du refus, par la population, de l'extermination de la forêt. Car le cèdre ne peut pas être replanté. Vu le réchauffement climatique, il est rare qu'un bourgeon de cèdre prenne racine .
Les habitants de la région sont contre l'abattage car la déforestation cause des glissements de terrain et favorise l'appauvrissement du sol. Selon un conseiller de la commune rurale Abd El Ghaya Souahel, à Ketama : la passation du marché au promoteur privé a été faite en contrepartie d'un montant de 1. 180. 000 DH, ajoutant que le marché était limité à 400 mètres carrés. Mais dans la réalité, la superficie prise par le promoteur dépasse de loin ce chiffre. L'association a envoyé un courrier au haut commissaire aux eaux et forêts à Rabat et au ministre de l'environnement et de l'aménagement du territoire pour l'arrêt immédiat des opérations d'abatage de cèdres .
Selon un habitant de la commune contacté par téléphone : dès le lundi 25 juin, une journée après le sit-in, les responsables des eaux et forêts ont fait une descente sur les lieux d'abattage d'arbres. Le plus surprenant, c'est que le promoteur en question qui s'est éclipsé le 24 juin, a déposé plainte auprès du procureur du Roi à El Hoceima contre Ayyad Hadrati, le président de l'Association Ketama pour menace contre ses employés sur le lieu d'abatage d'arbres lors du sit-in. Hadrati a été convoqué au poste de gendarmerie de Ketama pour répondre à ces accusations. Alerté par l'incident, le président de l'instance Nationale de défense des biens publics au Maroc, Mohamed Tarek Sbai, a décidé de mandater un avocat pour suivre l'affaire sur place. Il faut rappeler que l'instance, avait participé au sit-in du 24 juin en présence de représentant de la presse nationale .

Selon une source sur place, à chaque fois que les habitants de la région s'organisent, les autorités locales les menacent par des poursuites pour incitation à la culture du canabis. Finalement, le plaignant a retiré la plainte, sous la pression de la médiatisation de l'affaire. Cette affaire d'abattage de la cédraie de Tidighine au Rif ne fait que commencer et elle risque de prendre une autre tournure… A suivre, .


-- par El Hamraoui